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s'attachant aux modalités de la connaissance et aux divers effets de vérité qu'elles génèrent: effets de vérité du religieux, de la science, de l'art. Partout, j'ai souligné la transcendance du langage et de la culture: ma conclusion anti-métaphysique et anti-ontologique, c'est que le langage précède la pensée et plus encore: que le langage contraint la pensée. Pour saisir l'essence de notre modernité, j'ai choisi d'enquêter ailleurs. D'abord, d'entrer dans le paysage intellectuel et esthétique de la Renaissance européenne, d'y découvrir le travail de la raison rhétorique opérant par le langage et d'examiner son implosion. Ensuite, pour saisir la structure de sens du judéo-christianisme, entrer dans le monde classique de l'Antiquité païenne et étudier avec Henri-Irénée Marrou les discontinuités radicales qui nous en séparent. Bref, à l'instar de Fernand Dumont, j'ai choisi d'assumer la modernité où le Québec est entré de mon vivant, sous mes yeux, (à reculons pour ce qui est des universités de Montréal et de Laval)  et d'en faire aussi une critique de l'intérieur c'est-à-dire d'accepter que le monde des modernes reste muet et chaotique, qu'il n'aura que le sens que nous réussirons peut-être à lui donner, dans ce moment opaque, fragile et précaire de l'histoire  où nous sommes, où je suis. Penser dans la finitude, sachant qu'au bout du compte, les zones de pensée réflexive, rationnelle, radicale et critique demeureront hétérogènes et discontinues, qu'elles ne s'additionneront pas dans un vaste continent de lumière. Reconnaissant que cela n'est ni un déficit, encore moins  une faillite, mais seulement la juste mesure de la conscience humaine, historique et finie. Novembre 2013
Danièle Letocha en philosophie
© Danièle Letocha